Laissez parler les morts / La droguerie, rue du Port, Clermont-Ferrand / du 5 au 26 octobre 2019, vernissage le 4 octobre, infos sur www.stenope-clermont.com.

En prévision de l’exposition de la série Laissez parler les morts à Clermont-Ferrand dans le cadre des Sténopédies, le festival de photographie clermontois, je vous fais part d’un commentaire sur une des œuvres de l’exposition.

« Vers la fin de la cérémonie, un représentant de l’État et un civil, tous deux assis, discutent de façon tout à fait informelle. La sentence qui accompagne l’image est un proverbe malgache : « Velon dray tsy manjaka ny zaza. » « Du vivant de son père l’enfant ne gouverne pas. » Dans le tiers inférieur, la composition propose un contenu narratif. On a peu de mal à se figurer la scène, à imaginer le contenu de la conversation. Il y a quelque chose d’une conversation intergénérationnelle, entre un doyen et son petit-fils. Leur position à l’identique ainsi que le buisson à l’arrière-plan qui rassemble les deux silhouettes incarnent l’intimité de cette conversation. La deuxième feuille, plus haut, présente un drapeau malgache qui ne flotte pas. Le tiers supérieur enfin fait figurer des nuages que l’interprétation à l’eau déforme pour leur donner l’aspect d’un nuage galactique. Cet aspect est l’effet de la capillarité du papier qui concentre l’encre sur une ligne qui semble être de plus en plus longue à mesure que l’on regarde de près. Ce phénomène simple permet de représenter un motif fractal, cette notion physique qui incarne un ordre cosmique indéniable, implacablement mathématique et terriblement concret. »

Trois ordres apparaissent ainsi dans leur hiérarchie : à la surface de la terre, le monde des hommes ; plus haut, l’État, institution silencieuse mais en position d’autorité ; enfin l’ordre céleste qui assujettit l’ensemble en rappelant, par sa forme, le motif de l’infini et de sa perfection. »