Biographie & démarche

Présentation par un tiers

« Robin Suiffet déclare qu’il vit et travaille à Annemasse. Il se met sous l’égide d’une montagne qui se meut, qui peut se mouvoir, celle de Kant et du sentiment du sublime. Les titres des manifestations de Robin Suiffet, Infrastructures, Des galeries sous la montagne, Enterré sous le lac, Des carnets sous la montagne, génèrent un frisson d’inquiétude ; Ramuz n’est pas loin… Est-ce cette grande peur dans la montagne si proche qui inspire sa quête du sublime, sans cesse renouvelée dans la peinture, la gravure, le texte, le film ?

Une quête conceptuelle qui s’ancre sur la matière, celle du bois entaillé de la pratique savoyarde traditionnelle, celle de la lumière qui continue l’entaille ou en métamorphose l’apparence, voire la colore, et enfin celle de l’eau qui vient diluer l’impression au jet d’encre pour instaurer dans l’image un espace de trouble et de naufrage, pour nous faire avancer sans tourner en rond dans la nuit. »

Maria Lund, présidente de la commission d’arts plastique,

remise du prix Charles Oulmont 2022,

le samedi 03 décembre 2022

Biographie

Robin Suiffet est né en 1988 à Annecy, où il vit et travaille. Peintre et graveur contemporain, il travaille à la fois avec le relief du support (cadres sculptés, panneaux, boîtes et plateaux, mais aussi toiles brodées et papiers gaufrés et texturés) et sa surface (les deux dimensions du tableau), combinant leurs deux messages dans des artefacts expressionnistes en clair-obscur. Ce dialogue entre le volume et la surface s’inscrit dans la quête paradoxale des artistes du sublime qui cherchent à ouvrir, à travers des œuvres à échelle humaine, une voie vers les échelles immenses qui sous-tendent notre monde contemporain.

L’identité artistique de R. Suiffet est profondément liée aux Alpes, ce qui confère à son art une forte structure philosophique et esthétique. Dans cette perspective, les montagnes sont une incarnation de la puissance de la nature et un rappel de la vanité et de la fragilité de l’existence humaine. Mais les montagnes offrent également une large vue sur le monde et la complexité des enjeux contemporains. Elles sont notamment au cœur des questions soulevées par les frontières et les territoires.

Ses œuvres les plus reconnaissables sont ses images sculptées de la série « Cela aussi passera » : des peintures de paysages abstraits sur des panneaux de bois sculptés. Inspiré par le concept du sublime dans le contexte de ses Alpes natales, il expose à Lyon, au Mont-Cenis, à Grenoble et à Paris. En 2022, il a remporté le prix Charles Oulmont.

Expositions personnelles choisies

2025Ascension, Pyramide du Mont-Cenis, Lanslebourg, France
2024Les Échelles, La Redoute Marie-Thérèse, Avrieux, France
Des Carnets sous la montagne, Simone, Lyon, France
2023Cela aussi passera, Pyramide du Mont-Cenis, Lanslebourg, France
2021Laissez parler les morts, l’Alcôve, Lyon, France
2020Nemesis, Le Zèbre, Lyon, France
2019Laissez parler les morts, La Bobine, Grenoble, France
2018Texture, Le Nid de Poule, Lyon, France

Expositions collectives choisies

2024Novembre à Vitry, galerie municipale de Vitry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, France
Back to the Grimoire, Propeller Gallery, Toronto, Canada
2023Regard sur l’Art, Pas de l’Échelle, Étrembières, France
Échelle bleue, Galerie Villamagna, Ville-la-Grand, France
États Sauvages, Galerie La Ralentie, Paris, France
2022Remise du prix Charles Oulmont, Musée des Avelines, Saint-Cloud, France
2021La Nature come socle, Institut Iliade, Paris, France
2019Retournement des morts, Festival Sténopédie, Clermont-Ferrand, France
2018Patrimoine et empreinte du temps, Festival Flocon d’Art, la Turra, Lanslebourg, France
2017Le puits cadenassé, Festival Flocon d’Art, la Turra, Lanslebourg, France
Paroles en friche, Taverne Gutenberg, Lyon, France

Prix

2022Prix Charles Oulmont, Lauréat, Fondation de France, Musée des Avelines, Saint-Cloud, France

Démarche

De nombreux media interviennent dans cette démarche : l’huile, le fusain, le brou de noix, la calcination, le goudron, la dilution de cartouches jet d’encre, sur des toiles, du contreplaqué, du bois massif, souvent gravé ou sculpté. Les œuvres résultant de cette démarche sont scellées : mystérieuses en général, énigmatiques pour ce qui est des huiles sur toile, ou littéralement scellées pour la série des boîtes et livres scellés. Les encadrements sont souvent des entités à part entière qui couvent un tableau. Les tableaux sont eux d’une composition fragmentée et hermétique mais aussi analytique et réticulaire, incarnant une conscience en mouvement, cherchant à prendre la mesure des échelles qui nous dépassent.

Le dialogue entre surface (dessinée ou peinte) et volume (support gravé ou sculpté) amplifie le mystère d’une œuvre à tiroir. Le sens labyrinthique qui en résulte génère une désorientation nécessaire à la perception de la question du sublime. Cette question anime l’artiste qui a grandi près des glaciers fondant à vue d’œil, forçant chez lui une urgence de rendre compte de problématiques aussi immenses que complexes que celles imposées par l’écologie, mais aussi l’urgence de montrer l’immensité pour ses vertus heuristiques et éthiques : la concaténation des échelles devenues conscientes procède à un ajustement ontologique et moral particulièrement nécessaire dans une modernité en crise d’orientation.

Cette urgence de monstration s’est incarnée jusqu’à présent de diverses façons, par l’huile, le dessin, la cartographie, la photographie aquarellée expressionniste pour la surface ; la gravure sur bois, plexiglas et zinc, la broderie, la sculpture pour le volume.